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Et si le karma n’oubliait rien ?

  • Photo du rédacteur: Zarah Medium
    Zarah Medium
  • 31 juil.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 août

un sablier qui represente le temps du karma en action

Le paradoxe du mal qui prospère

Il y a cette question qu’on n’ose plus trop poser, de peur de paraître naïf : pourquoi certaines personnes nuisent volontairement aux autres, mentent, abusent, détruisent… sans jamais sembler en payer le prix ? Tout semble aller pour le mieux pour eux : réussite, santé, reconnaissance. Alors que d’autres, honnêtes, généreux, sincères, traversent la vie comme une suite de tempêtes sans répit.

C’est le grand paradoxe spirituel : le mal prospère, le bien souffre. L’univers serait-il injuste ? Ou avons-nous mal compris ses lois ?

Faire le mal en conscience n’est jamais un acte anodin. Ce n’est pas l’erreur, ni l’ignorance. C’est choisir sciemment de nuire, en pleine lucidité, et ça, dans toutes les traditions spirituelles du monde, c’est une charge qui pèse lourdement sur l’âme, même si la sanction ne tombe pas immédiatement, même si elle ne ressemble pas à ce que l’on imagine, elle existe. Toujours.


Judaïsme, Kabbale et justice différée

Le Judaïsme distingue le bon penchant (Yétser Tov) du mauvais penchant (Yétser Hara), chacun vit avec ces deux forces, mais lorsqu’on choisit volontairement le mal, on perturbe l’équilibre spirituel. Dans la Torah, Dieu peut laisser l’injuste prospérer… mais ce n’est jamais définitif.

Le Midrash enseigne que Dieu "laisse l’orgueilleux s’élever pour le faire chuter de plus haut", non par cruauté, mais par justice ultime.

La Kabbale, elle, parle de répercussions sur plusieurs incarnations. L’âme porte les marques de ses choix, au-delà du visible.

Christianisme et récolte différée

Dans le Christianisme, la justice divine n’est pas toujours immédiate, mais elle est inévitable. L’apôtre Paul dit : "On ne se moque pas de Dieu. Ce que l’homme sème, il le récoltera." Mais la récolte peut se faire sur des temps longs.

Les mystiques chrétiens parlent de purification intérieure : celui qui fait le mal en conscience se coupe de la lumière, il s’éloigne de la vie véritable. Le mal peut remplir les poches, mais il vide le cœur. Saint Jean de la Croix évoquait ce désert de l’âme que rien ne peut combler, sinon le retour à l’amour divin.

Soufisme : prospérité illusoire et oubli de Dieu

Le soufisme, courant mystique de l’Islam, insiste lui aussi sur la justice voilée d’Allah. Une personne mauvaise peut réussir, mais cela peut être une forme d’égarement accordé par Dieu : une illusion prolongée pour que l’injuste s’enfonce davantage dans l’oubli de l’Unité. Ce n’est pas un cadeau, c’est une épreuve masquée.

L’âme, en se coupant du Bien, perd sa clarté. Le mal en conscience est une obscurité qui finit toujours par se refermer sur son auteur.

Bouddhisme : karma subtil, mais infaillible

Le bouddhisme nous invite à sortir de la vision linéaire du karma. Le karma n’est pas une punition. C’est une conséquence naturelle : un acte émet une vibration qui revient à sa source. Quand ? Comment ? Cela dépend. Le Dhammapada dit : "Même le malfaiteur prospère tant que le fruit du mal n’a pas mûri."

Et plus l’acte est fait avec lucidité, plus le fruit karmique est lourd. Mais ce fruit ne tombe pas toujours à l’instant où on l’attend.

Pourquoi on ne voit rien : la justice invisible

Pourquoi, alors, ne voit-on rien ? Parce qu’on regarde la surface. Le visible ne dit pas tout. Une personne peut avoir l’air de tout réussir, mais vivre intérieurement une solitude profonde, une instabilité émotionnelle, une incapacité à aimer ou à être aimée. Ce sont là aussi des répercussions.

Le karma, parfois, ne frappe pas avec fracas. Il ronge doucement, de l’intérieur.

Et puis, il agit aussi dans la vie future, ou dans la lignée. Des souffrances non comprises peuvent avoir pour origine des actes anciens. Ce n’est pas de la punition divine, mais un mécanisme d’équilibre. L’univers cherche toujours la cohérence.

Karma familial : quand la dette traverse les générations

Certaines conséquences ne retombent pas seulement sur la personne fautive. Elles se transmettent. C’est ce que les traditions appellent le karma familial ou les blessures transgénérationnelles.

Dans la Bible, on lit : "Je poursuis la faute des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération." Ce n’est pas une punition, mais une loi de résonance : ce qui n’est pas réparé se répète.

En kabbale, en soufisme ou en spiritualité orientale, on parle de charges non purifiées, mémoires d’âme, lois d’héritage karmique. Le mal commis en conscience manipulation, cruauté, abus de pouvoir peut créer un nœud énergétique ou émotionnel dans une lignée. Tant qu’aucun descendant ne fait le travail de prise de conscience et de réparation, la mémoire continue d’agir.

On voit alors des enfants ou petits-enfants porter des fardeaux qui ne leur appartiennent pas en propre : schémas de souffrance, répétitions d’échecs, peurs injustifiées, maladies symboliques. L’âme appelle à la libération.

Celui qui agit avec intégrité ne répare pas que pour lui : il allège la charge de ceux qui viendront après lui. Inversement, celui qui sème volontairement le mal crée un héritage invisible, dont il n’est pas toujours le seul à porter les fruits.

Et les bons qui souffrent ? Le grand silence des justes

À ce moment-là, surgit une autre question, encore plus troublante : pourquoi certains justes, qui ont vécu dans l’amour, la fidélité, la bonté, subissent malgré tout des épreuves immenses ? Solitude, maladies, rejet, pauvreté. Que payent-ils, eux ?

C’est l’autre face du mystère. Dans les traditions spirituelles, une vie difficile n’est pas forcément une conséquence d’un mal passé. Elle peut être une épreuve initiatique. Certains êtres viennent sur Terre non pas pour "recevoir", mais pour alléger des charges anciennes, individuelles ou collectives. Leur souffrance est une forme de service invisible.

Parfois, ce sont des âmes avancées, venues ici pour passer par un feu intense de purification. D'autres fois, elles réparent des déséquilibres non identifiables, qui ne leur appartiennent pas personnellement, mais qu’elles transmutent par leur bonté et leur persévérance.

La Bible dit que "Dieu éprouve ceux qu’il aime". Le bouddhisme parlerait d’un karma noble, celui qui permet à l’âme de brûler ses derniers voiles. Le soufisme, lui, affirme que plus l’âme est proche de la Vérité, plus elle est exposée à la difficulté, pour ne pas s’attacher à ce qui est éphémère.

Une justice plus vaste que ce qu’on voit

En résumé, faire le mal en conscience revient toujours, tôt ou tard, frapper à la porte de celui qui l’a semé. Pas toujours sous forme de punition visible, mais souvent sous forme de vide, de déracinement, de séparation intérieure.

Et faire le bien, même quand il n'est suivi d’aucune reconnaissance ni récompense apparente, n’est jamais perdu. Ce bien devient lumière dans les mondes invisibles, nourriture pour l’âme, et parfois semence pour d’autres vies.

La véritable justice n’est pas toujours celle qu’on voit. C’est celle qui s’exerce dans le silence des cœurs, la mémoire de l’âme, et l’intelligence subtile de l’univers.


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